Finir l’année en beauté avec 5 recommandations de romans (1/2)
- Florence Meyer

- il y a 5 jours
- 3 min de lecture

Comme chaque semestre, je vous concocte une sélection des romans et des essais que j’ai appréciés. Mes recommandations sont volontairement éclectiques et bilingues :
Moi qui n’ai pas connu les hommes, de Jacqueline Harpman. Ce roman m’a fait penser à La Route, de Cormac McCarthy, mais encore plus oppressant ! Un groupe de 40 femmes sont enfermées et tout juste maintenues en vie dans une cave, jusqu’au jour où elles ont l’opportunité de s’en échapper. Elles regagnent l’air libre. Pour certaines, cette sortie est l’occasion de faire resurgir des souvenirs. Pour la narratrice, née en prison, ce monde est incompréhensible. Elles s’engagent dans une longue quête de nourriture, de leurs semblables, mais ne trouvent que des cadavres et aucune explication. Ne vous en tenez pas à ce résumé cauchemardesque, le récit est prenant et poétique.
No et moi, de Delphine de Vigan. Ce roman s’adresse a priori aux adolescentes, mais il touchera aussi les surdoués et les hypersensibles (ces deux dernières catégories ayant une forte tendance à se recouper). Lou, surdouée, s’attache à une jeune fille SDF, No. Tout semble les séparer, mais elles partagent le même regard interrogatif puis rebelle sur leur environnement. Ce roman illustre à la fois des caractéristiques des jeunes surdoués (hypersensibilité, questionnement constant, remise en cause de l’existant, expériences « scientifiques » menées dans la cuisine, etc.) et la difficulté de sauver quelqu’un contre sa volonté (cela résonnera chez ceux qui sont familiers du triangle dramatique). Il y a heureusement des passages drôles qui allègent une atmosphère plombante.
Kolkhoze, d’Emmanuel Carrère. Certes, je n’ai pas résisté au grand battage médiatique de la rentrée, mais je dois dire que j’achète systématiquement tous les ouvrages d’Emmanuel Carrère. Je n’ai pas été déçue par ce dernier. J’ai à la fois apprécié la grande fresque historique que permet la généalogie d’Hélène Carrère d’Encausse et l’envers du décor de cette famille. Sans gâcher la fin (vous savez déjà qu’elle meurt…), j’ai trouvé les circonstances de son départ en soins palliatifs particulièrement rudes et violentes pour son entourage. Cet épisode seul pourrait justifier quelques années de thérapie familiale… J’ai classé cet ouvrage dans la catégorie « roman » car il apparaît que le rapport de cette famille à la vérité est assez distant et créatif !
The Usual Desire to Kill, de Camilla Barnes (en anglais). Ce roman pourrait résonner avec le précédent sur le thème "composer avec des parents vieillissants". Nous suivons ici une famille anglaise dont les parents sont installés près de Bordeaux. Une de leur fille vit à Paris et descend donc régulièrement les voir. Chacune de ses visites est un véritable morceau de bravoure : les parents commencent doucement à radoter, ils boivent beaucoup, ce qui n’arrange rien à leurs facultés cognitives et motrices déclinantes et, en bons anglais, sont gentiment excentriques (le père élève un couple de lamas). Mais au-delà de ce portrait distrayant se trouve un secret de famille que leur fille découvre au sein de courriers échangés entre sa mère et la sœur de cette dernière. À la fois féroce, drôle et émouvant.
Continent perdu, de Norman Spinrad. Écrit en 1970, ce roman nous décrit la civilisation américaine du XXIIè siècle en voie d’extinction. Le New-York en ruine se visite comme une attraction touristique. Nous suivons donc les pas d’un professeur d’histoire africain qui s’y rend pour la première fois. Après un survol en hélicoptère des ruines de Manhattan, le petit groupe de touristes s’enfonce dans une station de métro habitée par les « métroglodytes », les rares survivants de la Grande Panique. Cette courte dystopie ne semble plus si fictionnelle…

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